30. Fabrice s'en mêle
Si seulement la danse sur pieds marchait avec les bambins, qu’est-ce qu’on serait tranquille ! Ca calmerait Iriaz et ensuite, il serait tellement crevé d’avoir rigolé qu’il nous ficherait la paix… vivement qu’il grandisse, que sa mère le case à l’école… ça fera des vacances pour toute la famille.
En tout cas, la danse sur pieds, c’est le sport préféré d’Héliana. Y a pas une journée sans qu’elle demande à sa maman :
— Dis, on danse, m’man ?
— Mais bien sûr, ma puce… Allez, viens… Une, deux, une deux…
Et la môme éclate de rire à chaque fois que sa mère la fait basculer sur les côtés… ah, les gosses, un rien les amuse, de nos jours…
Mais qu’est-ce que c’est calme, c’est pas croyable… il se passe rien d’intéressant depuis quelques temps… entre Iriaz qui fait le zouave, Héliana qui explose les notes à l’école, et Blood et Irène qui coulent toujours le parfait amour, y a vraiment pas grand chose à se mettre sous la dent. Rien ne cloche, tant va bien dans le meilleur des mondes parfaits… Tout va bien ? Bah alors, pourquoi Loïc mange-t-il à l’écart des autres, dans ces-cas là ? C’est vrai quoi, il aurait dû être aux côtés de sa petite femme qu’il adore mais visiblement, la place à la droite d’Evaline est vide.
Finalement, y a peut-être quelque chose qui ne va pas. En regardant bien, on a l’impression qu’un froid s’est instauré entre Eva et son mari. Etrange… Eux qui étaient super-méga amoureux, voilà maintenant que Loïc fait la tronche dans son coin pendant que le reste de la famille parle de la pluie et du beau temps avec une invitée.
Comme si les bêtises d’Iriaz ne suffisaient pas, il faut en plus qu’Héliana s’y mette. Le nouveau jeu qu’elle a trouvé, c’est d’aller voir si le cercueil de tata Cylanne était aussi confortable qu’elle le prétendait. Bon, c’est sûr qu’on a pas toujours l’occasion de tester un cercueil. La plupart du temps, on est déjà raide et le confort de la boîte, c’est bien le dernier de nos soucis. Mais c’est pas une raison !
Ah ! Si cette gamine pouvait m’entendre, elle aurait déjà les oreilles rouges. Il faudra que je dise à Cylanne de cadenasser son cercueil, on y rentre comme dans un moulin…
Ce soir, Fabrice a décidé qu’il allait faire un petit tour, histoire de visiter le cimetière et la maison. La première chose qu’il a remarqué, c’est que les tombes de Lucie et du Comte ont été tout bonnement éloignés des nôtres. Peut-être que nos enfants pensaient que comme ça, on ne serait pas ennuyé par la vermine. Si seulement ils savaient ! Et… Oh, hé ! Arrête de regarder par-dessus mon épaule et va t’égoutter ailleurs, tu vois pas que je raconte l’histoire de MA famille ?
— Mais… mais… Je voulais voir Cylanne, gémit le Comte, encore tout trempé de sa noyade.
Cylanne est très heureuse sans toi. Allez ouste, du vent mauvaise graine ! Pff… pas moyen de raconter tranquille, sur ce nuage.
A propos de Cylanne, cette dernière était en train de peindre tranquillement lorsque Fabrice est carrément passé à travers le tableau en hurlant : « BOUUUUUUUUUH ! »
— Papa ! Tu m’a fais peur ! Ne recommence jamais ça !
— Bah quoi ? Pour une fois que je peux m’amuser, a répondu Fab.
— Et bien vas t’amuser ailleurs, j’ai encore du travail.
Je vous dis pas la surprise de Fabrice en constatant que Cylanne pouvait l’entendre. Eh oui, ça fait une choc la première fois.
Et Fabrice continue ses frasques en apparaissant brutalement devant Irène qui voulait simplement aller aux toilettes. Je me marre toute seule sur mon nuage mais en même temps, je me dis qu’il faudrait que mon mari arrête de faire mumuse. Il va bien finir par faire claquer les vieux d’un arrêt cardiaque. Manquerait plus qu’il m’assassine mon Blood !
— Mais qu’est-ce qu’il fait ? me demande soudain Lucie qui venait de faire rappliquer ses longues dents par ici.
Je ne réponds pas parce que je sais que ce sera une vanne magnifique qui sortira de mon ectoplasme.
— Maman ! Maman ! J’ai 20 sur 20 ! J’ai 20 sur 20 ! La maîtresse elle dit que j’suis la meilleure de la classe. Hein c’est vrai que j’suis la meilleure de la classe ?
— Oui, oui, ma puce…
De toutes façons, Héliana aurait pu lui dire n’importe quoi, Evaline aurait répondu la même chose, trop perdue qu’elle est dans son bouquin. D’ailleurs, je me demande bien quel est ce bouquin. Voyons voir… un petit zoom… tiens… un livre sur les bébés… Mais pourquoi donc ? Elle a eu deux enfants, je sais qu’elle en veut un troisième mais quand même, elle connaît tout des bébés, depuis le temps… Mystère, mystère…